La Maison Européenne de la Photographie propose deux nouvelles expositions. Jusqu’au 16 mars 2014, la MEP acceuille les œuvres de David Lynch et de Joan Fontcuberta. Tous deux ont en commun une vision déroutante du réel. Ils le malmènent, le transforment, et invitent les visiteurs à remettre en question ce qu’ils voient. La réalité peut parfois s’avérée trompeuse.
1) David Lynch : de la caméra à la photographie
L’exposition qui fait le plus parler est celle de David Lynch. Cinéaste de renom mais aussi plasticien, designer et musicien, David Lynch délaisse sa caméra le temps d’une exposition. La MEP lui a donné carte blanche. Ainsi, il a imaginé des petites histoires autour d’une quarantaine de photographies. Toutes en noir et blanc, les images sont troublantes.
Les amateurs, retrouveront des aspects récurrents de l’univers de David Lynch. Une atmosphère sombre, obscure voire intrigante. Tètes sans visages, objets insolites ou encore corps de femmes sont mis en relief sur des fonds noirs dans les photomontages. Un univers étrange et surréaliste qui peut rendre perplexe le spectateur. « Small Stories » est une exposition très courte sur un étage qui questionne le visiteur. Un cinéaste fidèle à lui-même toujours aussi énigmatique.
2) Joan Fontcuberta : la réalité mise à mal
L’autre tête d’affiche de cette exposition est l’artiste contemporain catalan Joan Fontcuberta. A la fois théoricien, critique, historien et professeur, il s’interroge sur les formes de la prétendue vérité. Ayant connu la censure et la falsification de l’information sous Franco, Joan Fontcuberta veut dérouter le spectateur et le pousse à réfléchir sur la notion de vérité. Avec son exposition « Camouflages », l’artiste joue sur la manipulation des images. Il nous intrigue et nous entraine dans une réalité à la fois vraisemblable et insolite. Camouflage de l’auteur, de la photographie, de la réalité mais aussi de la vérité. Les images sont des pièges tendus à notre conscience. Joan Fontcuberta regroupe dans cette exposition ses projets phares et invite le spectateur à ne pas avoir une confiance aveugle dans les photographies.
L’exposition de Joan Fontcuberta se divise en 10 séries autonomes. La science, la biologie, la religion ou encore l’art, tous les domaines sont remis en question. Ainsi on peut croire à l’existence des sirènes, en de faux paysages de montagnes ou encore découvrir des photographies méconnues de Spoutnik. Mais la salle la plus délirante reste « Fauna ». Grâce à de fausses biographies et des montages, on croit à l’existence d’animaux totalement inimaginables. Sur 3 étages, cette exposition à la fois déroutante et amusante, nous invite à réfléchir sur la vérité photographique.