La jeune Adèle est à première vue une lycéenne comme les autres, elle est attirée par la littérature, les langues, elle aime apprendre. Venant d’une famille « sauce bolognaise » qui se parle peu, Adèle vit, se rendant rapidement compte qu’elle survit. Car il manque quelque chose à Adèle, un trou béant qu’elle n’a pas su encore combler. Elle s’y essaye mais cela ne suffit pas, ce n’est pas ça. Adèle est multiple, elle « aime tout » parle peu mais elle sait, malgré sa difficulté constante d’exister.
Jusqu’au jour au Adèle rencontre l’autre, son contraire, sa différence. Et tout devient si évident à l’instant, divinement, comme si ce qui était compliqué et vide un moment auparavant, s’était transformé. Toutes deux vont s’aimer comme dans la « vraie vie » celle que l’on connait pour l’avoir pratiqué. Leur amour ne dépend d’aucune règle, et il nous parle durant toute sa durée. Cet amour là n’est ni hétérosexuel, ni lesbien non plus, seulement actif, vivant et surtout universel. Il fait quelques fois peur, car comblé de choses redoutables, qu’on ne comprend pas ou bien trop. On pense que deux personnes comme ça sont faites pour s’aimer toujours, se tenir plus fortes, que c’est leur rôle et que cet amour doit se conserver encore et encore. Mais il se veut parfois cruel, cynique et les lubies passionnelles se déversent trop souvent sur tout le reste. On est bien placé pour s’en rendre compte, il suffit juste de regarder l’écran pour s’y voir soit même et se dire que la poésie et le mystère partent souvent bien trop vite.
Abdellatif Kechiche saisit comme personne ces instants, ces non-dialogues, l’expression des corps, de leur désir. Il transpose la beauté, que l’on découvre incessante, et qui nous touche, sans le confort ravi de certains films qui se veulent davantage « standards ». Peut-être dans la douleur comme l’on a pu l’entendre ses derniers mois dans les médias et quand bien même, ne faut-il pas un peu de sueur pour créer du sublime ? La vie d’Adèle est plus qu’un film c’est une œuvre. Ces deux actrices se sont données dans l’effort pour se rapprocher de l’exactitude, qui revient sans cesse, lancinante et nous livrent là une véritable performance artistique.
Ce film a plusieurs lectures, on y emporte ce que l’on veut en retenir, La Vie d’Adèle nous familiarise un peu plus avec la vie et ses vérités. Et si c’était vraiment cela le cinéma ?