L’instant d’une journée, la Mayenne a déployé tout son savoir faire pour séduire les amateurs de week-end culturels et gastronomiques. Ste Suzanne, située à environ une heure de train de Paris, est une superbe bourgade médiévale. En cette journée dominicale, le village a été apprêté, et un incroyable évènement a été organisé. Devant le château musée, des chefs étoilés ont concocté un délicieux et surprenant pique-nique.
Sylvain Fouilleul (Le Bistro de Paris-Laval), Pascal Favre d’Anne (Le Favre d’Anne- Angers), Eric Guérin (La Mare aux oiseaux- St Joachim), Jean-Yves Herman (La Maison d’Elise-Le mans), ont délaissé temporairement la cuisine de leur restaurant respectif afin de préparer des mets particulièrement savoureux. Pour la modique somme de 5 euros, il était possible de déguster un très agréable panier repas. Cinq plats le constituaient. Un Club Sandwich à la Truite Fumé de Parné-Sur-Roc permettait de s’initier à la pisciculture locale. Cuisinée par S. Fouilleul, la truite révélait des saveurs délicates. Sa chair était moelleuse et savoureuse. Par la suite, une Tomate cœur de Bœuf confite au Citron Vert, dévoilait la dextérité de Eric Guérin à usiter le citron vert tel un condiment. Le suprême de Poulet de Loué et sa vinaigrette était succulent. Jean-Yves Herman a su mettre en relief la qualité de cette volaille. Le dessert, une Bijane aux Fraises surprenait. Cette soupe froide réalisée à partir de vin rouge sucré était une intéressante proposition pour un repas estival. Pascal Favre d’Anne a su allier parfaitement le vin rouge et la délicatesse du fruit.
Un cocktail à base de cointreau , le Cointreaupolitan, conférait à l’apéritif un aspect ludique. Version française du Cosmopolitan, il laissait entrevoir les nuances de l’alcool français élaboré à partir d’écorces d’oranges.
Un photographe, Jean-Philippe Berlose, a rendu hommage au talent des divers chefs. Portrait par portrait, Il révèle les facettes de chacun d’entre eux.
A l’intérieur des remparts, un village de producteurs locaux était très attractif. Les gastronomes purent déguster leurs produits. Chaque stand présentait un intérêt. Fromagers, viticulteurs, etc, tous ont démontré l’intérêt de tels produits pour la gastronomie française. A noter, la diversité des fromages. La Ferme La Grande Chouannière proposait des caillés de chèvre frais mais également des cendrés si caractéristique de la région. Marieke de Kam, originaire des Pays-Bas et installée dans la région depuis 17 ans, laissait percevoir toute la subtilité de ses goudas. Réalisés au lait cru de vache, artisanalement , chacun d’entre eux était singulier. Le ‘nature’ était très intéressant mais les aromatisés l’étaient encore plus. L’ortie conférait à l’un d’entre eux une finesse extraordinaire. La pate pressée à la texture très fine pouvait ainsi exhaler toutes ses saveurs.Un autre, à la moutarde, aiguisait également la curiosité. Commercialisé sous l’appellation, Le Petit Marie, les diverses moutures mériteraient d’être reconnues à juste titre. Bien en deçà de simples variations, chaque ‘version’ se justifie.
L‘Entrammes, lui, est une création récente. Cependant, sa fabrication se réfère aux méthodes artisanales en cours en Mayenne. Elaboré à partir de lait cru de vache, il est une pâte pressée non cuite. Son goût est fruité, et perdure en bouche.
Les produits laitiers et fromagers Bons Mayennais étaient de l’aventure. Cette marque crée en 1912 par Mr Le Masne de Brosne, collecte le lait directement chez les producteurs mayennais. Ce dernier, pasteurisé permet l’élaboration de divers produits allant du beurre à divers fromages. (Coulommiers, camembert, etc, ..). Très proche du terroir local, elle a décidé de célébrer ses les 100 ans d’existence par un concours. Organisé en partenariat avec Mayenne Tourisme, il permet de gagner 100 week-ends en Mayenne. Pour ce faire, chaque participant doit se photographier de manière créative en possession d’un des fromages de la gamme. Tous les détails sont à découvrir sur http://www.faitesmoivoyager.com/
Plus loin, afin de varier les plaisirs, un artisan faisait découvrir le Pied Bleu, un champignon sauvage, habituellement présent dans les sous-bois en période hivernale. Conditionné en bocaux, au naturel ou cuisiné, le végétal se caractérise par un gout puissant et une chair dense. Le savoir-faire de la société Champi Bleu lui conserve l’intégralité de ses possibles gustatifs.
Divers domaines viticoles étaient également présents. Deux d’entre eux se distinguaient, Le Manoir de la Mottrie d’Alain Gripon et le Domaine de la Morinière propriété de jeunes entrepreneurs.
Des professionnels des métiers d‘Art, exerçant en Mayenne, présentaient leurs créations. Celles-ci devaient avoir trait à l‘univers de la gastronomie et de l‘art de la Table. Ainsi, Mr Gandon et son épouse incitaient -ils le visiteur à découvrir ‘le manger médiéval’. De manière ludique, ils retranscrivaient un ailleurs si perceptible en cette cité moyenâgeuse.
Des ateliers ont été organisé en divers lieux. Des rencontres de savoir-faire concernant la gastronomie, l’art de la Table, la viticulture ont scandé l’après-midi. A noter celui de Noel Lahay-Morin, maraicher et grand amateur de plantes anciennes. Mettant en confiance son auditoire, il a permis à chacun de découvrir des plantes extraordinaires. Sensibilisant l’assemblée à Leurs senteurs, leur forme, inusuelles, il a éveillé la curiosité de tous. L’évocation de son partenariat avec l’INRA, ses amitiés avec Alain Passart et Sylvain Picard, le collaborateur jardinier de ce dernier, laissent espérer une gastronomie nouvelle.
Pour cette toute première édition, l’enjeu a été de privilégier la qualité.
D’autres évènements vont ponctuer l’été. Les 23, 28 et 30 juillet, une chasse au trésor rythmera la vie de Ste Suzanne. Le 26 juillet, un pique nique aura lieu au château de 19H30 à 21h30. Il serait dommage de se priver d’une promenade si délicieuse. Pour une journée, pour un week-end voire plus, ce petit détour s’impose. Divers types de logement sont proposés dont certains très originaux. En effet, les amateurs pourront se réjouir en résidant dans un donjon, et se projeter l’espace d’un instant dans d’autres us et coutumes.
Pour les détails (coordonnées des producteurs, hébergement), contacter [email protected]
Pour les activités à venir téléphoner au château au 02 43 58 13 00
Interview de deux chefs, Pascal Favre d’Anne et Eric Guérin
Quel intérêt percevez vous à participer à ce type d’évènement, ?
PFA Cela permet de mêler Patrimoine et produits locaux. Il est possible à chaque instant de mettre en avant un producteur local.
EG Je peux ainsi promouvoir la région, me sentir acteur au sein de celle-ci. Cela est important, j’ai choisi de m’installer en tant que chef ici. Je considérais ce lieu comme réellement propice à la gastronomie. J’aime le propos de cet évènement, la rencontre d’une population avec la gastronomie locale.
Songez-vous à des produits locaux en particulier, ?
PFA Il existe une richesse dans ce Pays. La Loire permet de s’approvisionner en poissons, des producteurs de qualité peuvent cultiver des légumes, des viticulteurs sont présents, etc., ..
EG Dans cette région, il est possible de trouver une grande variété de produits ( fromages, bœuf fermier du Maine, etc, ..). La mondialisation existe, elle ne peut être niée, personnellement j’aime travailler au niveau local. Il s’élabore des liens entre les producteurs et nous. De là nait une sorte d’équilibre. Respectivement, nous pouvons valoriser notre travail, nous entraider. Là, peut exister un contrepouvoir à la mondialisation et à tous les inconvénients qu ‘elle peut générer.
Avez-vous des suggestions pour mettre encore plus en avant la Mayenne, ?
PFA La région s’axe de plus en plus sur la notion de qualité. Cette notion de terroir, de proximité est de plus en plus perceptible. D’autres activités, devraient également être mises en avant.
EG Cela serait plus efficient si tout le monde au niveau régional se sentait concerné. Parfois les politiques sont moins enthousiastes que nous, ..