Rush à prévoir à la Galerie Taiss le mercredi 2 mai. Celle-ci organise un vernissage et le thème de l’exposition est très actuel, Combien çà vaut, ? L’enjeu est de saisir l’attitude de notre époque face à l’art ancien et contemporain. A d’autres instants, l’art a été considéré pour sa valeur intrinsèque, liée au talent, à la création pure. Ainsi, Léonard de Vinci mettait-il en garde l’artiste, lui remémorant la primauté du don artistique sur le gain. Plus récemment, Gogol, dans Le portrait, stigmatisait le comportement d’un peintre prêt à corrompre son art pour atteindre la renommée et son corolaire, le succès financier.
Une phrase de Egon Schiele permet d‘envisager le propos en sa diversité. ‘Une œuvre d’art n’a pas de prix ; pourtant, elle peut être acquise.’. L’art constitue–t-il un marché à part ou est-il régi au même titre que les autres secteurs, par la simple loi de l’offre et de la demande, ? Notre époque se veut pragmatique, tout est prix. Andy Warhol en était convaincu, ‘Being good in business is the most fascinating kind of art’.
L’unique Question serait donc Combien çà Vaut ?, équivalente à Combien çà coute, et sans aucun doute traduisible par Combien çà côte, ?
Quatre artistes s’attaquent à la question, traquent les ambigüités du sujet. Ben, Jean-Paul Albinet, Olivier Blanckart, Thierry Bruet interrogent, initient un état des lieux, tel un instantané corrosif. Nulle réelle réponse n’est imposée au visiteur. Plus subtilement, ils suggèrent une prise de conscience et appellent à la réflexion. Chacun doit se sentir sollicité par le truchement de l’effet de catharsis.
Ben avec la facture le caractérisant, écriture blanche sur fond noir, répète à l’envie, Combien çà vaut, allant jusqu’à l’usuel çà vaut combien, ? L’art devient ’démystifié’ se réduisant à dénoncer l’absurde.
Le spectateur ne se réduit-il pas lui-même consciemment ou pas à cette demande.
Jean-Paul Albinet signe d’un code barre, code barre 337731. Dorénavant, tout est code barre, l’art inclus. Le sigle devient une sorte de langage international primant sur tous les autres préexistants. L’art est-il encore art ou simplement marchandise ?
Olivier Blanckart investit les lieux avec une installation. L’imposante sculpture a été crée avec des matériaux de récupération. Par ce biais, il rappelle la relativité et la volatilité des valeurs. Pour conforter son discours, il adosse quatre figures de l’art conceptuel , quatre personnages, à l’étalon du NASDAQ.
Thierry Bruet met en évidence les décalages entre l’œuvre, l’artiste et le public, collectionneurs ou autres. Poussant à son paroxysme l’inadéquation de cette relation voire la non osmose, il permet d’entrapercevoir l’incompréhension d’un certain public pour la valeur réelle, esthétique de l’art. Qui fixe les prix, ? Uniquement les professionnels, les initiés, ? Une question est sous jacente, certains amateurs ou collectionneurs non initiés ne se contentent-ils pas d’acquérir une œuvre sans la comprendre, saisir ses nuances et ses subtilités. La notion du fameux investissement émerge crument. Investir en art est-il préférable, plus sûr que d’investir en bourse, ?
Les quatre artistes, l’exposition lancent un appel, appel à d’autres possibles.
Galerie Taiss
14 rue Debelleyme
75003 Paris
www.taissgalerie.com