Rencontre avec Todd Wood, senior vice président du design chez RIM
Un après midi pluvieux de Novembre, nous avons eu le privilège de rencontrer Todd Wood, monsieur Design chez Blackberry RIM. Un entretien sans tabou sur l’avenir de la téléphonie et l’histoire d’une des plus belles success-stories de la téléphonie.
Luxsure: Quelles sont les origines de Blackberry?
Todd Wood: Blackberry a 12 ans, RIM est une entreprise canadienne.
L’idée de fondatrice était de créer un outil permettant d’écrire et recevoir des mails en étant mobile. Tout a commencé avec des pagers interactifs pour arriver aux smartphones actuels qui sont des outils communicants et multimédia.
L: La principale cible de Blackberry sont les business man, aujourd’hui un grand nombre de jeunes utilisent des Blackberrys comment expliquez vous cela?
TW: Nous avons été ravis par le succès de BBM, c’est très excitant.
Il y a eu une évolution de la communication faîte avec les Blackberry. Cette communication qui était formelle devient de plus en plus casual et grand public.
Nous mettons un point d’honneur à rester proche de nos consommateurs, à l’écoute de leurs besoins sans pour autant privilégier une cible plutôt qu’une autre. Lors de la conception de terminaux nous ne nous imposons pas de concevoir des produits pour les jeunes en particulier car c’est le meilleur moyen de perdre cette cible.
Nous préférons nous concentrer notre savoir-faire, créer des outils qui facilitent la communication. Nos consommateurs aiment nos produits tels qu’ils sont.
Evidemment nous ajoutons de la couleur, proposons des designs variés mais ce n’est pas destiné à une cible en particulier. Nous ne voulons pas être une marque uniquement étiquettée «fashion».
L: 2011 est une année phare pour RIM avec le lancement d’une gamme de produits plus étendue.
TW: C’est notre lancement de terminaux les plus ambitieux, nous avons essayé de répondre au maximum des besoins de nos clients. C’est aussi une volonté de clarifier notre gamme. Nous avons 5 gammes de produits phare : la gamme Bold, le format iconique et haut de gamme BlackBerry, la gamme Torch qui intègre une proposition tout tactile et hybrique, la gamme Curve, là encore gamme classique, format compact et abordable. C’est une histoire de choix.
A titre personnel, je n’ai plus besoin d’ordinateur, j’utilise le BlackBerry Torch 9810, que je combine avec la tablette BlackBerry Playbook.
Le marché du mobile est mature et permet aux consommateurs de faire un choix selon leur utilisation et leur affinité. Tous ces mobiles utilisent le nouveau système d’exploitation Blackberry 7 qui est très fluide et performant.
Nous devons aussi constamment nous adapter aux évolutions technologiques, la 3g et bientôt la 4g. Nous essayons de proposer au marché un bon compromis entre la technologie et l’expérience utilisateur.
Nous suivons également de prêt les évolutions de la concurrence, c’est d’ailleurs sain.
Nous respectons la compétition mais nous nous concentrons sur notre futur et nos clients.
L: Quelles sont les principales différences entre le design d’un portable et d’une tablette?
TW: La plus grande différence entre une tablette et un téléphone mobile, est liée à l’usage. Le clavier, l’écran et la navigation sont les éléments centraux d’un smartphone BlackBerry. La tablette elle, joue davantage sur le tout tactile. Dans la conception du BlackBerry PlayBook nous avons davantage mis l’accent sur l’écran et la pureté du design.
Nous utilisons les gestes et le multitouch pour animer le Playbook.
Nous voulions créer un outil qui permette la mobilité, choisir la taille de 7pouces est un bon compromis, c’est la taille d’un boitier DVD. La tablette est fine, légère et est très agréable à l’usage.
Nous avons travaillé sur le contraste entre la froideur de l’écran d’un coté et le coté doux du dos de la tablette.
Tous les produits BlackBerry ont une similarité en terme de design, ils sont construits sur un axe central, une symétrie. C’est l’ADN de notre design.
L: Comment est organisé le design chez Blackberry?
TW: Nous nous occupons de toute l’expérience utilisateur (hardware, software, apps), tout est centralisé dans notre studio de design.
Le design des applications est fait par des anciens designers ou graphistes. Il n’y pas de frontière entre le software et le hardware, nous connectons les deux.
Nous utilisons beaucoup de simulations et de prototypes.
Nous travaillons énormément le design, chaque touche d’un Blackberry est différente et a son design propre.
Pleins de petits détails qu’on ne voit pas de prime abord mais qui font toute la différence sur le produit final.
L : Parlez nous du partenariat entre Blackberry et Porsche Design?
TW: C’est Porsche Design qui nous a contacté. Porsche Design est une marque intéressante et influente dans le design. J’étais moi même fan de la marque quand j’étais étudiant.
F. A Porsche qui dirige maintenant le studio Porsche design est celui qui a dessiné la Porsche 911. La famille Porsche a quitté le groupe en 1972 et a donc lancé ce studio de création. Ils voulaient ajouter un smartphone à leur collection design, ils voulaient s’associer à Blackberry car ils utilisaient eux mêmes des téléphones Blackberry.
Nous nous sommes rencontrés, Roland Heiler et moi pour voir dans quelle mesure cela pouvait être bonne idée.
Le plus excitant dans ce projet, c’est que nous désignions un produit de luxe et de ce fait nous pouvions nous permettre des choses que nous ne serions pas permis pour des produits grands publics. Nous étions libres.
Nous avons aussi beaucoup de valeurs communes comme l’originalité, la créativité, cette concentration sur la facilité d’utilisation des produits. Nous voulions que le produit réalisé soit fidèle aux deux marques et soit totalement fonctionnel. Malgrès son coté extravagant, le BlackBerry Porsche Design se connecte parfaitement à la gamme Blackberry.
L: Apres le tactile, le clavier classique, que sera l’avenir du mobile?
TW: Nous cherchons toujours des nouvelles manières de travailler, de voir si on peut utiliser/intégrer des nouvelles fonctionnalités. Certains se sont tournés vers le stylet ou l’exploitation de la voix. Dans tout ça, le plus important ce sont les normes sociales car les habitudes culturelles, impactent fortement technologie.
Le Multitouch et le tactile sont encore à leurs débuts, nous n’avons pas encore fait le tour de leurs capacités. Nous avons pris l’habitude de nouveaux gestes grâce aux téléphones ou aux tablettess: le geste de zoomer en utilisant son pouce et son index nous semble naturel alors qu’il n’existait pas il y a quelques temps.
L: Comment les réseaux sociaux impactent votre design?
TW : BlackBerry est, je pense, le parfait outil pour tout ça car ces applications ont attrait au texte. Twitter a besoin de rapidité donc Blackberry est un allié de choix. De plus en plus d’utilisateurs restent en permanence connectés à leurs réseaux sociaux et à BBM plus qu’à leurs mails. Nous avons donc conçu l’aggrégateur de flux sociaux, pour avoir une vue d’ensemble de tous vos flux sociaux en même temps. Cela impacte moins le hardware et plus le software. Celà dit nous avons vu des utilisateurs qui programmaient certaines touches de leurs téléphones pour bénéficier d’un accès plus rapide à leurs applications sociales, c’est assez amusant.
L: La seule chose qui n’avance pas plus vite dans l’univers de la mobilité c’est la batterie? Quelle attention portez-vous a la batterie?
TW: Nous sommes très sensibles à ce problème. Nous sommes constamment connectés aujourd’hui et les réseaux actuels sont très consommateur en batterie.
Les consommateurs espèrent une autonomie d’au moins une journée.
Nous ne faisons parfois pas de compromis sur la batterie. Nous pourrions avoir des produits encore plus fins mais nous ne voulons pas que cela entâche l’expérience utilisateur.
Nous avons aussi opté pour une batterie détachable et remplaçable pour que les utilisateurs puissent sans trop de soucis avoir une batterie de rechange.
Nous préférons utiliser notre compétence de designer pour améliorer la fluidité et le look du smartphone.
Pascal Iakovou