Lorsqu’il écoute les notes de Clair de Lune de Debussy, Didit Hediprasetyo ne voit pas le prévisible défilé de ballerines graciles. Il « entend » les belles imperfections à la surface de l’astre, il rêve d’une beauté en clair-obscur, il imagine les accords organiques de blanc vibrant, de gris mastic, de vert lichen… Une musicalité toute en retenue qui lui inspire une allure plus femme, une couture qui aspire à l’épure, une élégance sharp et personnelle.
Rien n’est lisse, ni littéral dans cette silhouette au classicisme délicatement twisté. Il y a un goût du grain, de la texture, du relief dans ce coton froissé gonflé de tulle ; dans cette gabardine de costume d’homme travaillée en bouillonnés sur un bustier ; dans le sublime velours vert d’une jupe tube qui imprime la rétine ; dans ce satin duchesse brodé de façon aléatoire de boutons gansés qui évoquent les cratères de la Lune… Même les plumes de cygne tapissant un manteau spectaculaire révèlent un toucher rough, balayant toute tentation de douceur un peu mièvre.
Si Didit aime à exploiter le registre des coupes couture, il scande son vestiaire de longueurs variées : l’ourlet frôle la cheville, coupe le tibia ou s’entrave au genou. Surtout, il insuffle son sens aigu de la modernité à ce luxe sur mesure, par le biais d’un tee-shirt en jersey porté avec une jupe droite ceinturée de plumes immaculées. La veste courte mime la dégaine d’un perfecto. Le trench cropped se taille dans un Songket, ce brocart indonésien traditionnel, aux reflets argent. Et ultime subversion, la robe en soie aux effets marbrés dévoile des poches plaquées. Choc des cultures, chic d’un certain cool.
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