C’est dans un sous-sol sombre, sol bétonné et néons au plafond, que Petar Petrov nous présentait sa collection homme automne/hiver 2011-2012. Installé à côté du mur des photographes, un jeune homme tatoué faisait les derniers ajustements nécessaires avant de délivrer la performance acoustique qui allait donner à ce lieu si peu commun des défilés de Fashion Week une atmosphère particulière. Déroutant, intriguant, le jeune styliste bulgare a brillamment ravivé notre curiosité, parfois moins intense pour ces défilés de fin de journée. C’est donc sans trop savoir si nous allions assister à un défilé ou à une répétition d’un groupe de rock, que nous attendions sagement, impatients de découvrir la suite des événements.
A peine les premières silhouettes font leur apparition que nous comprenons immédiatement le choix de mise en scène opéré par le designer. Sa collection est à l’image du lieu dans lequel nous nous trouvons, à la fois simple et pure. S’adressant avant tout au garçon contemporain et urbain, le styliste a créé des looks très propres, sans fioritures, mais toujours avec une pointe de sophistication.
Soucieux de créer des vêtements faciles à porter et confortables, Petar Petrov a notamment joué sur les volumes et les matières pour adoucir ses silhouettes. Ainsi, les pantalons, fluides, se font plus amples que d’ordinaire et se portent taille basse. Qu’ils soient de toile ou de cuir, ils épousent les formes d’un corps en mouvement. Les manteaux, quant à eux, donnent du volume à la partie supérieure du corps et arrondissent les traits d’une silhouette filiforme.
Cependant, c’est en intégrant des pièces plus ajustées à ses looks que Petar Petrov parvient réellement à sublimer ses silhouettes. Les maxi pulls dans lesquels nous voudrions volontiers nous emmitoufler, tant ils semblent doux, se portent près du corps. De même, les chemises cintrées et quelque peu transparentes confèrent sensualité à la silhouette.
Travaillant le cuir et la fourrure, c’est également par le choix des matières utilisées qu’il souligne son raffinement. Bien que certaines pièces puissent être qualifiées de sportswear, le fait que le styliste utilise des matières nobles pour les réaliser leur donne une valeur bien plus grande, à l’instar de ces blousons en fourrure rasée.
Egalement très intéressantes, les asymétries structurent et donnent du caractère aux silhouettes les plus neutres. Mélangeant parfois les matières, le créateur superpose de manière heureuse une courte veste en fourrure à poil long au-dessus d’une autre veste, celle-ci plus longue et en toile.
Original, Petar Petrov a créé des pièces uniques pour symboliser ces associations de matières. Nous avons ainsi pu admirer de magnifiques pulls et vestes constitués à moitié de laine et de cuir.
Mais, ce n’est pas seulement par les matières, les asymétries et les volumes que Petar Petrov assure élégance à ses silhouettes. Les couleurs privilégiées par le créateur sont également les témoins d’un raffinement certain. Ainsi, de subtiles teintes bordeaux, bleue et jaune moutarde viennent relever les couleurs automnales choisies pour cette collection.
En présentant une collection sans prétention mais pleine de charme, Petar Petrov s’affirme un peu plus comme une valeur montante de la scène masculine parisienne. Bien loin de toute surenchère, nous apprécions particulièrement le fait qu’absolument chacune des pièces de cette collection peut facilement trouver place dans notre garde-robe.
Romain Menei