Après un premier défilé prometteur la saison dernière, la nouvelle collection de Laurence André était très attendue et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle confirme son talent et son amour des matières originales pour sa collection couture Printemps Été 2011.
Pour son premier défilé « off » accrédité par la Fédération Française de Couture, la jeune créatrice – ancienne architecte – nous présente le vestiaire d’une femme moderne qui n’aime pas les conventions et affiche un style très affirmé qui, loin de nier sa féminité, l’exacerbe en toute simplicité et séduction.
De son passé d’architecte, on retrouve son goût pour les formes et les structures, qui subliment la féminité dans des coupes originales voire architecturales, utilisant des matières inhabituelles pour ce genre d’exercice. Pour le Printemps Eté 2011, le lin et le velours se sont imposés comme une évidence et sont le fil conducteur d’une collection originale et parfaitement maîtrisée, faisant la part belle aux volumes.
Sur une ambiance musicale de DJINGER Twiggy, Laurence André nous plonge dans son monde onirique, rappelant parfois le Labyrinthe de Pan, dans lequel elle laisse s’exprimer toute sa créativité. Queue de pie, combinaison, body, robe ailée se succèdent pour des silhouettes graphiques s’accompagnant parfois d’une délicate capuche et des accessoires – chaussures et bijoux – de Walter Steiger.
Comme dernier rempart contre les frimas de l’hiver, Laurence André a choisi le velours noir pour des silhouettes dévoilant une femme séductrice, aimant les pièces uniques épousant parfaitement ses formes. Spectaculaire veste en queue de pie, short, body épaulé « origami » et robe courte dos nu habillent une femme décomplexée qui ne se dévoile pas complètement, mise habilement à l’abri des regards sous une fine capuche.
Laurence André a su travailler le lin comme personne, utilisant les tissus du Linen Dream Lab, espace d’expérimentation pour les innovations textiles et techniques à partir des fibres de lin. La créatrice nous propose ses fameuses pièces origami, extrêmement travaillées, qu’elle maîtrise à la perfection, épousant parfaitement les contours de la femme qui les porte. Combinaison, body à collerette et pièces plus techniques sont d’autant d’exemples du savoir-faire de la créatrice et de ses ateliers.
Stretch double-face blanc et noir, le lin se fait également dévoré sur des pièces techniques et très élaborées dans l’imagination de la créatrice. Cette majestueuse robe « ailée » en lin dévoré zébré noir, pièce majeure de la collection, est un véritable petit bijou technique. Quant à la veste « origami » en lin dévoré panthère blanc, elle nous éblouit par sa simplicité mâtinée de technique et d’élégance faisant écho au short dans la même matière, véritable ode à la douceur.
Loin de se borner au lin et au velours, Laurence André affectionne également la maille enduite effet métal pour des pièces très géométriques à l’effet plus que spectaculaire. La mariée dans une combinaison à traîne dans les tons pourpre, révèle son côté animal dans un tissu rappelant une peau de reptile multicolore.
Le second défilé de Laurence André est une vraie réussite. La jeune créatrice affirme son identité stylistique dans cette collection Printemps Été 2011 bien loin des conventions, un style définitivement contemporain, créatif et inspiré. Chaque nouvelle saison est l’occasion pour Laurence André de nous donner une clé de sa personnalité, de son sens du volume et de la structure mis au service de sa sensibilité de femme. Le texte de présentation nous conseillait de créer avec l’esprit pour que demain porte ses fruits. Ses lendemains sont prometteurs de l’éclosion d’un véritable talent, vitrine de la magie qu’elle distille dans chacun de ses modèles, pour notre plus grand plaisir.
Maie-Odile Radom