Si parmi les défilés de la Fashion Week masculine nous trépignons d’impatience à l’idée de découvrir les créations de Miharayasuhiro, c’est bien parce qu’elles nous émerveillent saison après saison. A la fois, originale, audacieuse et sophistiquée, Miharayasuhiro nous a livré une nouvelle collection tout en poésie.
C’est sur un air de piano interprété par Hiromi Uehara, l’épouse du créateur japonais, que les premières silhouettes font leur apparition. Sages et élégantes, celles-ci laissent à penser que le vestiaire masculin concocté par Miharayasuhiro sera d’inspiration preppy. Chemise blanche boutonnée jusqu’au col, pull jacquard, veste noire cintrée aux extrémités bordées d’un fin liseré blanc : tous les codes vestimentaires du parfait preppy sont réunis.
Mais rapidement les mannequins se succèdent et font transparaître la véritable essence du défilé. Les silhouettes faussement preppy laissent place à des dandy désabusés. Intitulé The Nihilists, Miharayasuhiro fait de son défilé le témoin d’une élégance déchue. Certains vêtements ressemblent à des haillons, volontairement usés, déchirés par endroits. Des pulls ou encore des shorts sont grossièrement effilés. Impressionnant pour un designer dont on connait le perfectionnisme ? Pas nécessairement. Dans cette collection, chaque imperfection devient le détail d’une sophistication et d’une élégance nouvelle.
Les manteaux sont rapiécés, devenant de véritables patchworks de matières différentes. Les costumes, d’habitude droits et ajustés, se font plus amples et sont taillés en vrille, ce qui confère à la silhouette un surplus de nonchalance pour un vêtement bien souvent considéré comme étant rigide et strict.
Cette élégance nouvelle, Miharayasuhiro la fait également naître des coupes asymétriques dont il a fait la part belle dans cette collection. Véritable pièce emblématique de ce défilé, la cape hybride est mise à l’honneur par le designer japonais. Aussi bien, les pulls que les vestes et les manteaux ont été détournés et repensés avec ingéniosité pour créer des pièces originales et uniques.
Privilégiant le jersey au coton, c’est aussi par le choix des matières utilisées que Miharayasuhiro souligne son raffinement. Ainsi, de belles pièces de fourrure et de cuir nous ont été présentées.
Enfin, les accessoires viennent subtilement parfaire ces silhouettes dont le débraillement est finalement parfaitement étudié. Les bijoux, de fines chaines d’or et d’argent entremêlées et déposées sur les épaules et les revers de col des vestes, viennent soutenir la désinvolture d’une démarche nonchalante, mains dans les poches. Cependant, ils restent avant tout les témoins d’un raffinement et d’une beauté certaine : celui du détail. Les chaussures inspirées de la période victorienne apportent parfois une touche de couleur avec du doré ici et là. Doré que l’on retrouve également avec parcimonie sur les cheveux de certains mannequins dont les mèches ont été recouvertes de poussière d’or.
En présentant une collection audacieuse, portée par une musique qui n’aura eu de cesse de décupler nos émotions, Miharayasuhiro a réussi, durant quelques minutes, à nous transporter loin des sentiers battus.
Romain Menei