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Wanted Bikers par Philippe Vermès à la Galerie W

by Marie Odile Radom
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Dans le cadre des 30 ans du Mois de la Photo, les clichés noir et blanc “WANTED BIKERS” (Portraits of American Bikers and their Bikes) de Philippe Vermès ont été exposés à la Galerie W à Paris. Une première sélection de clichés avait été proposée lors de la première Chic Art Fair au mois d’octobre 2010, comme un avant-goût particulièrement prometteur.

Indien biker

Ces portraits ont été pris à la fin des années 80, lors de deux rassemblements de bikers aux Etats-Unis au mois d’août : l’un à Loudon, New Hampshire et l’autre à Sturgis dans le South Dakota, non loin du fameux Mont Rushmore. Ces rassemblements sont d’immenses foires-spectacles où les bikers assument sans complexe des figures ésotériques renvoyant parfois aux mythes fondateurs de la conquête de l’Ouest : la frontière, le voyage, l’errance, les indiens.

Philippe Vermès, diplômé de l’école des Beaux Arts de Paris, travaille avec des chambres grands formats et a une prédilection pour le portrait noir et blanc. En 1992, il reçoit le Kodak Gold Award pour ses travaux sur le portrait. Il expose de Paris à Hambourg, puis New York et certains de ses portraits font partie des collections permanentes de musées dans le monde entier.

Les belles de Loudon

Dans les années 80, Philippe Vermès a passé tous ses étés en famille au bord d’un petit lac au centre de New Hampshire dans la Nouvelle Angleterre aux Etats-Unis. Ce fut l’occasion pour lui de rencontrer ses premiers « bikers » lors de leurs rallyes à Laconia et au Weirs Beach. Leur dégaine, leur passion pour leurs motos et leur esprit libre l’ont rapidement fasciné et l’artiste a voulu en savoir davantage et approcher le mythe de l’intérieur. L’idée lui est alors venue de faire leur portrait en studio.

Bikers

Il a donc monté un studio de fortune le long de la route près d’une station d’essence avec un fond en tissu noir. Il y a installé une chambre en bois 4X5 (9x12cm), un flash électronique et une boîte à lumière et leur a demandé de poser pour lui. Les motards intrigués par la mise en scène du fond de tissu noir, des flashs et de la chambre photographique ainsi que par la magie des Polaroïd négatif/positif 55, sont venus poser avec motos, femmes, enfants, chiens et amis. Leur gentillesse et humilité ont beaucoup touché le photographe et l’a amené à les suivre tout naturellement vers un autre rassemblement à Sturgis et Rapid City dans le Dakota de Sud.

Biker Peter Fonda

Et le résultat est là, profondément parlant. L’esprit d’Easy Riders et la route 66 nous semblent tellement proches tant les photographies montrent une image de l’Amérique profonde inattendue mais tellement sincère, loin des idées reçues. Le photographe a utilisé tout son savoir-faire pour immortaliser des hommes comme les autres, simples, ouverts et sensibles. Les photographies n’ont pas besoin d’explication, elles parlent d’elles-mêmes et deviennent, non plus des portraits de bikers, mais un portrait de l’Amérique profonde.

Le baiser

Les motards semblent ne faire qu’un avec leur engin en une véritable symbiose et posent fièrement dans leurs tenues au côté de leur compagne de route. D’un univers qu’on pouvait croire exclusivement masculin, on découvre la face cachée, familiale pour certaines quand on découvre sur d’autres une même passion partagée en couple. Que dire de ce baiser partagé sur cette moto où l’homme semble enlacer les deux « choses » les plus importantes pour lui : sa femme et sa moto, le dos nu tatoué de la femme semblant être le prolongement naturel de la carcasse de la moto, et le jean Lee renvoyant à la notion d’authenticité. On découvre également certaines contradictions dans les photographies de Philippe Vermès, comme pour cet homme posant fièrement derrière sa moto mais s’appuyant sur une canne néanmoins.

Biker à cagoule

Lors du vernissage de l’exposition, le 4 novembre 2011, le studio de fortune a refait surface afin de proposer l’expérience aux collectionneurs. Ceux qui le souhaitaient pouvaient se faire photographier sur une Harley DavidsonV-Rod en tirage immédiat sur polaroïds uniques avec négatif noir et blanc éclairés par un flash électronique. Voir Philippe Vermès effectuer ses clichés mettaient alors en lumière le souci du détail du photographe. Le voir travailler à la chambre 4×5 avec ce souci de perfection de l’instant, du détail qui changera définitivement la photographie et sa perfection montrait alors tout le talent de portraitiste de Philippe Vermès pour notre plus grand plaisir.

Biker au drapeau

Avec ces photographies, véritable Polaroïd de l’Amérique profonde, Philippe Vermès nous permet de prendre le pouls d’une Amérique multi-visages mais ne nous demande pas de juger ces motards immortalisés sur Polaroïd, non. Il nous demande simplement de les accepter tels qu’ils sont. Et c’est bien ce que nous faisons et avec le plus grand plaisir.

Crédits photos : with the courtesy of  Galerie W.

Galerie W, 44 rue Lepic 75018 Paris

Ouvert tous les jours de 10h30 à 20h00

www.galeriew.com

Marie-Odile Radom

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