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Viktor et Rolf Prêt-à-Porter Printemps-Eté 2011

by Marie Odile Radom
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S’inspirer du vestiaire masculin pour moderniser la mode féminine est devenu, depuis qu’Yves Saint-Laurent l’a porté à son paroxysme, pratique courante avec plus ou moins de réussite. Et lorsque la collection qui en découle est une réussite, cela devient une évidence. Les créateurs Viktor Horsting et Rolf Snoeren ne se sont pas contentés de puiser dans la garde-robe masculine pour leur collection printemps été 2011. Il ont choisi de mettre en vedette l’une des pièces emblématiques du vestiaire masculin, la chemise, dans une collection intitulée « Shirt Symphony».

Cette pièce iconique a été systématiquement retravaillée et détournée du vestiaire masculin conventionnel pour mieux se décliner sous toutes les longueurs. Dès le début du défilé, le ton est donné. Asymétries, épaules très travaillées et diverses métamorphoses sont autant d’exemples de déconstructions d’une pièce trop classique.

On retrouve le goût du théâtral si cher aux deux créateurs dans ces modèles en gaze aux épaules gigantesques, ornées de rubans de soie effilochés, bleu, rose ou noir dans un thème repris sous la forme de chemises, de robes courtes aux manches bouffantes ou de blouses de caractère avec ou sans manches. Ce même thème agrémente une robe blanche monumentale mêlant tous les « jeux » des deux créateurs : rubans, manches hypertrophiées, cols et larges revers blancs multiples et successions de pans.

C’est d’ailleurs en blanc que la chemise selon Viktor & Rolf s’exprime de la manière la plus audacieuse. En version chic couplée à un pantalon noir, elle dévoile son côté peu conventionnel en tombant derrière sous la forme d’une longue traîne de soie. Parfois ses manches s’ornent de broderies fleuries ou de poignets multiples apportant un léger côté Colombine à l’ensemble lorsque sous la forme de blouse, elle accompagne un pantalon blanc. Elle se fait robe longue bustier à taille empire multipliant les pans composant d’une chemise. Et lorsque le décolleté s’orne de cols répétés à l’infini, elle devient parfaite pour le tapis rouge.

Classique en soie légère, vert à rayures roses ou bleues mais aux épaules systématiquement travaillées, la néo-chemise selon Viktor & Rolf habille pantalon cigarette et leggings allongeant une silhouette menue. Les deux créateurs l’imaginent également en robe courte, en vert d’eau, en noir ou en blanc, bouffante aux épaules ou aux hanches avec une touche de drapé, et dont la taille est parfois gracieusement ornée d’un large bandeau de broderies blanches ou de maille noire.

La chemise prend une inspiration djellaba lorsqu’elle apparaît à rayures verticales, fluide et légère à porter sur des shorts à pinces bleu ciel, noir ou sur un simple pantalon. Elle se voit en queue de pie en liquette chic à rayures en popeline de coton avec un avant court soulignant la taille tandis que l’arrière tombe en longs pans.

Les deux créateurs néerlandais s’amusent avec les découpes, les plastrons et les boutons de manchettes. Les robes chemises deviennent asymétriques, courtes d’un côté lorsque l’autre conservent toute sa longueur. Les cols se font glissants sur l’épaule. Les poignets de chemises à bouton de manchette deviennent des motifs de décoration ponctuant discrètement le revers de pantalon.

Le summum de leur créativité apparaît dans une robe de mariée mi-futuriste mi-architecturale dans une profusion de pans et de revers clôturant un défilé spectaculaire.

Quant à la femme selon Viktor & Rolf, c’est l’œil orné de blanc, les ongles et la bouche rouges qu’elle affrontera le pavé juchée sur ses hauts talons avec chignon bas recouvert d’une petite voilette blanche. En choisissant de réinventer la chemise d’homme, les deux créateurs en ont fait, avec brio, une pièce emblématique du vestiaire féminin devenant ainsi l’incarnation du glamour.

Crédit photo : © PETER STIGTER with the courtesy of Viktor & Rolf

Marie-Odile Radom