Pour le dernier défilé célébrant les 20 ans de sa marque, Tsumori Chisato continue de voir la vie en multicolore et nous propose, pour le Printemps-Eté 2011 une collection pop, très colorée et poétique, lorgnant vers les œuvres du plasticien Victor Vasarely dont elle apprécie le travail.
Evitant la simple rétrospective, Tsumori Chisato a choisi de nous emmener dans son univers onirique dont l’imaginaire s’est nourri d’animaux et de paysages lors de son dernier voyage en Afrique. Les silhouettes se suivent, en une véritable démonstration du savoir-faire de la créatrice, revisitant ses thèmes favoris, chacune rappelant par un petit détail la précédente.
On retrouve avec plaisir la marque de fabrique de la créatrice, à savoir les imprimés, tantôt à rayures, tantôt pop qu’elle décline sur plusieurs pièces : robe, tailleurs, vêtements de pluie. Parfois surgissent quelques ailes de papillon ici et là, amenant un peu de poésie.
Tsumori Chisato aime la rayure et la conjugue à toutes les sauces. Elle apparaît en noir et blanc telles des touches de piano, accompagnées de vagues rouges, bleues ou jaunes, dans un de ces fameux imprimés. Elle se fait zig zag sur une robe trapèze portée avec une veste sans manches ou sur une jupe avec chemise à jabot. Elle voit rouge en polo pour finir en multicolore, petit clin d’œil certain à une autre amatrice de la rayure colorée.
Le thème marin est très présent, comme un écho au voyage. La marinière devient décomplexée et se réinvente en robe longue ajustée accompagnée d’un imprimé foulard quand ce n’est pas la vareuse qui inspire certaines tenues. Le bonnet de marin sera d’ailleurs l’accessoire de l’été pour la créatrice, porté penché sur le côté sur un chignon strict mais sans le pompon rouge.
Côté accessoires, la créatrice nous propose des sandales à plateformes vertigineuses à parfois accompagner de très longues chaussettes. Les bottines open toes se font bicolores et compensées pour notre plus grand plaisir. Les lunettes de soleil seront de rigueur pour la saison prochaine mais pas n’importe lesquelles. Avec parfois des montures colorées, ces lunettes donnent un petit air de chat du comté de Cheshire mais surtout une allure de star.
Le chat est d’ailleurs très présent dans cette collection. Il apparaît brodé en sequins sur une robe ou lézardant au soleil sur un imprimé jaune tacheté de léopard, imprimé qu’on retrouve tout au long de la collection.
Un instant, la collection se veut moins colorée, abordant des pièces beaucoup plus sobres. La salopette se porte large et fluide avec petite besace et gilet blanc à pois rouge. Le petit short tricoté ultra léger s’harmonise très bien avec un petit paletot en tweed.
En guise d’hommage à une certaine élégance parisienne, la créatrice nous propose également des silhouettes beaucoup plus classiques, emplies d’une sophistication réelle.
Puis de nouveau, la couleur et l’imprimé reprennent leurs droits mais de manière plus douce en teintes pastel. Le léopard abandonne le chat pour une fée aux cheveux verts et se réinvente sur un imprimé violet. Broderies, sequins, transparences et empiècements de tweeds ponctuent un défilé haut en couleur.
Si un poème devait définir le style sans pareil de Tsumori Chisato, cela serait sans nul doute L’invitation au voyage. Car après tout, chacune de ses collections est un aller dans son monde onirique.
Marie-Odile Radom