Assister à un défilé de Manish Arora est l’occasion de voir un véritable spectacle haut en couleurs, créatif et plein de vie. Et ce nouveau défilé n’a pas échappé à la règle dans cette Salle Wagram ayant retrouvé son faste depuis sa rénovation.
Les lumières s’éteignent et quelques notes étranges fendent le silence. Les premiers accords du THEREMIN viennent enfin mettre fin à l’attente, sonnant le début du défilé. Le musicien Marc Chouarain « joue » de cet instrument rare, composé de deux antennes créant un champ magnétique qui interagit avec son corps. Une première silhouette apparaît portant un top couvert de LED à couleurs changeantes : la collection de prêt-à-porter proposée par Manish Arora pour le printemps-été 2011 sera colorée et lumineuse.
Accompagnée par des standards du rock, la collection Printemps-Eté 2011 de Manish Arora se dévoile, inspirée par la période Baroque. Broderies et imprimés se multiplient sur une garde-robe aux formes géométriques arrondies. Manish Arora crée des silhouettes structurées très colorées, ornées de broderies traditionnelles, de sequins, de volants, de perles, de cristaux Swarovski ou de motifs plus originaux. Les influences sont pourtant diverses et variées dans cette collection. Certaines silhouettes font penser à l’univers de la tauromachie, avec dorures et broderies et un rouge omniprésent. D’autres semblent rendre hommage à l’héritage indien du créateur.
Les courbes harmonieuses du style Baroque sont juxtaposées avec des lignes futuristes strictes créant une intéressante illusion de « Baroque Futuriste ». Les broderies dorées pullulent, les épaules sont accentuées, les tailles sont marquées et les hanches plus prononcées accentuant ainsi la cadence d’une démarche. Les robes, souvent courtes, ont des empiècements géants. De grandes épaulettes dorées apparaissent sur les robes et les boléros, jusqu’à reprendre parfois l’intégralité du squelette de crustacé sur une robe, telle une armure. Les travaux artistiques de l’artiste japonais Hiroshi Naagi ont également très nettement influencés le créateur indien qui a recréé les œuvres de l’artiste, empreintes de nostalgie romantique, sur de petites robes pailletées ou des fourreaux. Le dernier tableau composé des silhouettes inspirées de ces œuvres d’art mérite le détour.
Manish Arora utilise une large palette de couleurs éclatantes qui inclut, entre autres, du rouge flamboyant, du jaune canari, du bleu turquoise, du rose, du vert d’eau, de la crème, du blanc et bien sûr du doré. La part belle est également donnée aux accessoires. Collants et bas se parent de couleurs chatoyantes dans la continuité du modèle porté par le mannequin quand ils ne sont pas agrémentés de serpentins d’or, de clous ou de strass. Rappelant les racines indiennes du créateur, bracelets et autres manchettes géantes s’accumulent parfois le long des bras. Les ceintures se font « oversize » et apportent parfois une touche de couleur sur une silhouette mono-teinte. Des chapeaux en strass en forme de carrosseries de voitures accompagnent certains modèles. Quant aux chaussures, Nicholas Kirkwood a imaginé pour le créateur indien des sandales vertigineuses s’intégrant parfaitement à chaque silhouette.
Encore une fois, Manish Arora nous étonne et nous ébahit avec une collection Printemps-Eté 2011 haute en couleurs et en créations, dans laquelle il ne renie en rien ses origines mais plutôt l’enrichit d’autres cultures, montrant ainsi combien la mode est universelle.
Crédit photos : © Pierre Delpuech / Paris Agency
Marie-Odile Radom