L’Hôtel de Ville de Paris présente la première rétrospective consacrée à Andrée Putman, designer et architecte d’intérieur, de novembre 2010 à février 2011.
D’Andrée Putman, on connaît la silhouette élégante, la coupe de cheveux asymétrique, la voix grave, un style marqué par le noir et blanc, la rigueur formelle et la sobriété.
Née en 1925 dans le vie arrondissement de Paris, musicienne de formation, elle exerce tout d’abord une activité de journaliste pour différents magazines, avant de devenir la directrice artistique du rayon « Maison » des magasins Prisunic en 1958. Elle y défend l’idée d’un design accessible à tous.
Les années 1970 sont marquées par ses premiers aménagements de boutiques (Créateurs et Industriels, Thierry Mugler), de résidences privées, et la création de la société, Ecart International, qui permettra la réédition à partir de 1978 de pièces de mobilier de créateurs alors oubliés comme Eileen Gray, Mariano Fortuny ou Robert Mallet-Stevens, qu’elle admire depuis longtemps.
1984 marque une rupture dans sa vie professionnelle : pour l’aménagement de l’hôtel Morgans à New York, elle invente le concept de « boutique-hôtel » de petite capacité au design affirmé, et propose ainsi une nouvelle approche de l’hôtellerie. De ce projet, elle dira qu’il a « jeté un sort sur sa carrière ». Son intervention est saluée pour son originalité, par exemple avec l’emploi de lavabos industriels dans les salles de bains, à l’encontre de toutes les pratiques traditionnelles. C’est pour l’hôtel Morgans qu’Andrée Putman emploie pour la première fois le fameux motif à damier noir et blanc si souvent associé à son nom.
À partir du milieu des années 1980, Andrée Putman se consacre principalement aux aménagements intérieurs, dans une typologie très variée : boutiques, restaurants, hôtels, lieux de soins, appartements privés, bureaux portent sa marque, faite d’une attention à la lumière, d’un sens précis de la géométrie et d’un souci du matériau juste.
Quelques chantiers revêtent une importance particulière. Citons les bureaux dessinés pour différents ministères, qui témoignent de la capacité d’Andrée Putman à jouer avec les codes d’un genre pourtant rigide (la Culture en 1984, les Finances en 1989 et l’Éducation nationale en 2002). Ou encore l’aménagement du CAPC-musée d’Art contemporain de Bordeaux dans les entrepôts Lainé, en 1990, qui porte haut sa volonté de retrouver la structure originelle des lieux dans lesquels elle intervient, et son goût pour les espaces industriels.
En rejetant sans ambiguïté tout ce qui relève d’un « bon goût » traditionnel sans risque ni originalité, Andrée Putman est devenue dans le monde entier l’ambassadrice d’un style « à la française ». L’exposition à l’Hôtel de Ville de Paris évoquera son travail par la reconstitution d’espaces intérieurs et la présentation d’éléments de mobilier. C’est aussi à une certaine conception du design qu’il s’agit de rendre hommage, à l’image de cette double question fondatrice de l’activité d’Andrée Putman : « Q Qu’est-ce qu’on peut faire pour alléger la vie ? Qu’est-ce qu’on va pouvoir imaginer d’un peu fou ? »