Home Art de vivreCulture Sous la crasse, les mots : PARC AVENUE de Jerry Wilson

Sous la crasse, les mots : PARC AVENUE de Jerry Wilson

by Elisa Palmer
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Streets Of Philadelphia – Bruce Springsteen

Goodbye Philadelphia – Peter Cincotti

Parc Avenue de Jerry Wilson
Traduit de l’anglais par Luc Baranger
Zanzibar éditions
126 pages
14 euros

PARC AVENUE

On parle de nouvelles, mais on nous a encore menti. Décidément. En effet, il ne s’agit pas de nouvelles, mais plutôt d’un faux premier roman. « Parc Avenue » pour signifier un espace (plus ou moins) vert. Pas trop quand même. On y lit les vies minuscules de clochards, sans abris, SDF, alcoolos, toxicos & Co, qui traînent le long des trottoirs de l’invisible. L’univers est posé, une bonne crise des subprimes, qui affecte le système bancaire et financier. Mais là, on s’en fout un peu. On est bien loin de tout ça. Puis de l’argent, y en a pas.

ENCORE UN FOUTU SAMEDI SOIR

L’auteur, né dans l’Idaho, c’est Jerry Wilson. D’ailleurs, il y vit encore. Il a rempli sa vie d’une mosaïque de jobs : infirmier en HP, concierge, ouvrier dans une station d’épuration, vendeur dans une épicerie, routier, ouvrier du bâtiment, représentant en bijouterie, puis enfin garde forestier. « Park ranger ». Nous y voilà. L’oeil aiguisé et la connaissance interne – presque chirurgicale – de ce milieu délabré, ce sont des épisodes + des spectacles + des rencontres, qui font écran/écho dans son esprit et le poussent à avoir envie (d’apprendre) d’écrire.

JERRY WILSON & PARC AVENUE

126 pages où on ne lâche rien. Swiveller, employé par la municipalité mais ancien du milieu, nous tire par la main, et nous présente ses camarades de jeu. De coups foireux en violences conjugales, de sexualités immorales en déchets humains, on se balade. Presque un parcours de santé, juste très rythmé, tant parfois l’angoisse et l’écoeurement nous prennent aux tripes. Dieu merci, côté humour, il n’y va pas de main morte. Et c’est à travers un joli rictus, presque joue contre joue, que l’on se plaît à aller fouiller « du côté de la merde », pour poser le plus doux des regards sur ces hors-la-vie, aux yeux qui font baisser les nôtres.

Un ouvrage qui ne donne aucune leçon d’existence, n’est pas investi d’une quelconque mission salvatrice, mais qui crée comme une « curiosité exotique », et de bien belle qualité. Aller donc lire quelque chose qui pue, vous verrez.

Elisa Palmer

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