« Mur blanc, peuple muet » nous rappelle un dicton. Et les murs se sont parés d’ornement pour rendre la parole au peuple.
L’art de rue est ainsi né prenant son essor au cours des années 80. Depuis il habille nos murs et nos trottoirs entre ses différents moyens d’expression.
La technique du pochoir fait partie de ces arts de rue. Le pochoir est une feuille en carton ou de métal découpée permettant de colorier avec une brosse ou à la bombe le dessin ayant le contour de la découpure. Cette technique permet ainsi de reproduire des caractères ou des motifs sur différents supports et cela plusieurs fois. L’art de rue du pochoir est apparu au début des années 80 à Paris et ne cesse de se développer à travers des artistes différents mais avec un signe de reconnaissance fort : le pochoir. Leur support de prédilection, les murs de la ville comme toile, leur outil, la bombe aérosol ou le pinceau mais leur art est précis, multiple et très souvent efficace.
Afin de rendre hommage à cet art à la fois méconnu et connu de tous, le Cabinet d’Amateur a choisi d’exposer jusqu’au 20 juin cinq artistes parisiens, précurseurs de l’utilisation du pochoir.
Miss. Tic est la première mais non la moindre. Par un dimanche après-midi, faisons une petite promenade parisienne dans les rues du quartier de la Butte Aux Cailles. Tout le long de nos déambulations apparaissent sur différents murs des silhouettes de femmes créées à la bombe accompagnées de savoureux jeux de mots. Ces silhouettes élaborées au pochoir en une seule couche sont l’œuvre de Miss. Tic et sont emblématiques du style pochoir.
Artiste, plasticienne et poète, elle est une femme engagée qui marque de son empreinte les murs de la ville. Elle est partout sur les murs, elle devient les murs. D’abord sauvages, ses œuvres sont maintenant exposées dans les plus grandes galeries de la ville. Son moyen d’expression est simple, inimitable mais efficace et inégalé : le noir et le rouge, une image et un texte. Elle s’expose, se met en scène et prend la parole. Ses textes sont forts fait de jeux de mot portant la cause des femmes avec humour et détournant les stéréotypes des images de séduction: « Faire le mur, jouer la fille de l’art« , « Il fait un temps de chienne« , « Tu ne perds rien pour m’attendre« , « Posséder, c’est se faire posséder« , « Je domine ce qui me domine« , « Le masculin l’emporte mais où ?, « Cueillir l’Eros de la vie »…
Miss. Tic a découvert l’art du graffiti en Californie où elle a habité deux ans. Elle a commencé la peinture au pochoir sur les murs en 1985 et depuis n’arrête plus. Campagne pour la marque de location de voiture UCAR, affiche de film pour « La fille coupée en deux », son art ne cesse de s’exprimer au gré de ses envies de femme.
Paul Martin est beaucoup moins connu mais son travail est tout autant reconnaissable, beaucoup plus conceptuel et très graphique. C’est un artiste de la figuration dont on ne sait presque rien. Ses personnages immobiles se retrouvent dans toute son œuvre et déambulent au gré de décors tous plus différents les uns des autres. Sa palette est précise, l’artiste maîtrise toutes les techniques : peinture, dessin et pochoir mais au pinceau. Son travail est coloré et vivant comme son personnage qui continue d’avancer de pan de mur en pan de mur.
Mr. Lolo est une belle découverte. Ses œuvres s’inspirent, entre autres, des personnages mythiques de cinéma : Katherine Hepburn, Bette Davis, Marlène Dietrich. Il les convoquent tous pour clamer son amour de ce cinéma hollywoodien des années 1940 et 1950, entier dans une image très proche de la photographie, très glamour. Ses « toiles » sont colorées, d’une précision sans pareil, maîtrisant à merveille les ombres et les lumières, les couleurs et les volumes dans un style proche du pop art. Mais son exercice le plus fort à mes yeux sont ses vanités, brillant exercice de style coloré et tellement fort avec ces insectes sortant de ces crânes. Tout est fait à la bombe et au pochoir, jusqu’à la moindre nuance de pourpre…
Parfois, au gré de mes pas sur les pavés parisiens, au détour de carrefours, je me suis retrouvée nez à pied avec des girafes à même le trottoir. Ces girafes étaient signées Mosko et associés. Derrière Mosko et associés se cachent deux artistes, Gérard Laux et Michel Allemand qui ont choisi de lâcher les animaux du zoo dans les rues de Paris. Girafes, tigres, gazelles ont envahi les murs en redonnant vie et couleur au quartier de la Moskowa, qui jouxte la petite ceinture du 18e arrondissement de Paris. Ils recouvrent la jungle urbaine de leurs animaux hauts en couleur dans un message simple : ils veulent mettre du beau, de la gaieté et de la vie là où il y a du laid, du sombre et des ruines. Mosko et associés s’est spécialisé dans la peinture d’animaux exotiques devenant ainsi leur marque de fabrique. Ils décident également de poser leurs pochoirs essentiellement sur des lieux en déperdition. Ainsi ces animaux poétiques rendent aux bâtiments et aux habitants leur couleur. Leur bestiaire s’enrichit au fil des années de nouveaux spécimens pour notre plus grand plaisir.
A l’occasion du finissage de l’exposition, Paul Martin et Mr. Lolo réaliseront des pochoirs en direct, le dimanche 20 juin 2010 de 15 à 19 heures. Allez-y vous pourrez voir en direct l’art du pochoir…
www.lecabinetdamateur.com
Le cabinet d’amateur
12 rue de la Forge Royale 75011 Paris
Du mardi au samedi de 14 à 19 h et le dimanche de 14 à 17 h
Sur rendez-vous en appelant le 01 43 48 14 06.
Marie-Odile Radom
1 comment
http://zalez.over-blog.com/
Un artiste a découvrir d’urgence…
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