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Graffitis de vies ordinaires

by Elisa Palmer
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Ordinary Life / Cruel Intentions

Selon toute vraisemblance
Laurent Graff
Editions le dilettante
Mars 2010
Prix : 15€

Laurent GRAFF

Il est né en 1968, et il n’aime pas parler de lui.

C’est une sorte d’écrivain silencieux.

Il rajoute : « Celui qui écrit, on s’en fout ».

Alors on va pas le contrarier.

Laurent Graff, merci de ta visite, et au plaisir de te lire surtout.

Selon toute vraisemblance

Dans ses 9 nouvelles, il parle de la vie ordinaire, de gens tout aussi ordinaires, et du trait d’union entre les deux.

Alors dites-vous bien que :

  • si Shirley et son bubble gum vous ont dit hier encore : « Noon, sur ma viie, t’étais vraaiiment à la teufff chez Briiian samediii ? »,
  • si on s‘assied constamment sur vous (métro, boulot, voire même dodo),
  • si personne ne prend jamais votre commande au comptoir du bar du coin (pas vu, pas pris : même combat),
  • si vous ne portez plus de chaussures ouvertes en été,
  • si la mention NPAI est devenue une périphrase pour vous définir,
  • si votre copine ne vous trompe pas – en fait –,
  • si vous prenez toujours des RDV partout,
  • si vous étiez taxé d’élève absentéiste à l’école,
  • si personne ne vous a encore battu au jeu de Cache-Cache…,

ce recueil vous concerne.

Laurent Graff parle de silence et d’ombre. En effet, ses nouvelles donnent la parole à des personnages qui flirtent avec le néant et le vide. Il badine avec l’effacement, la mort sourde et le phénomène de buée qui gagne des millions de vies. Il ne cherche surtout pas à les sauver. Dieu merci. Le lecteur lit seul.

Les passages qui rockent pas mal :

page 16 : « Je ne vis pas toujours seul à proprement parler. J’ai de la compagnie. Des femmes me font face de l’autre côté de la table. »

page 18 : « Et elle me regardait – nous étions nus sur le lit –, me dévisageait. J’ai suggéré que ma grande banalité avait dû la rassurer – elle sortait d’une histoire compliquée. « Tu crois ? » Elle m’a toisé à nouveau de la tête aux pieds : « Oui, tu as sans doute raison. »

page 36 : « Je ne referme qu’une vacuité, une lacune. »

page 71 : « Il n’y avait pas vraiment de règle, elle pouvait perdre une lettre en six mois, comme elle pouvait se réveiller un matin avec une syllabe complète en moins. Il était impossible de faire des projections dans le temps, d’évaluer la durée de vie de son nom. »

page 85 : « Je perds tout. »

page 90 : « Je n’ai plus grand-chose à perdre, je n’ai quasiment plus rien. »

Mon conseil pour gagner du temps : ce livre.

Élisa Palmer

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