Depuis le 07 Mai et jusqu’au 29 juin 2010, la Galerie W expose une dizaine de photos de la série « Paris Naked » de la photographe Véronique Vial. Ces photos sont le résultat d’un parcours nocturne, à la limite de la légalité, dans la ville lumière, avec la complicité de la danseuse Nathalie Pasqua.
Véronique Vial est née à Paris, elle voyage à travers le monde avant de se fixer à Los Angeles en 1989. Sa photographie est dite de l’intime, tant chacun de ses clichés raconte une histoire différente, une rencontre parfois. Le style de la photographe se révèle dès ses premiers clichés dans « A day in the life of Hollywood » où elle saisit l’âme des stars d’Hollywood. Elle porte un regard amusé sur des femmes célèbres au réveil dans « Women before 10 AM » qui sera suivie de sa version masculine, portraits intimistes réalisés tôt le matin avant que le personnage public ne reprenne le dessus. Ses séries sont éditées avec un succès international. Par ailleurs, Véronique Vial a exposé au prestigieux Festival Visa pour l’image de Perpignan. Son travail a par ailleurs été récompensé par un World Press Award en 1998 et un American Photography Award.
La Galerie W se trouve Rue Lepic. Créée par Eric Landau en 1998, ce lieu de découverte de l’art représente une vingtaine d’artistes qui sont exposés en permanence. Mille mètres carrés permettent de proposer outre les œuvres des artistes permanents, expositions focus et temporaires. Presqu’en écho à une exposition organisée par la Bnf d’une autre femme photographe, la Galerie W a choisi d’exposer une dizaine de tirage de sa série Paris Naked qui a fait l’objet d’un livre « Paris Naked » paru en 2009 aux Editions Schirmer / Mosel.
En admirant ces tirages argentiques noir et blanc de toute beauté, une chanson me vint à l’esprit, un petit air de flûte si éloigné de ses photos mais qui commençait à prendre tout son sens.
Car ces photos au delà de leur qualité artistique parle d’une histoire d’amour, l’histoire d’une rencontre entre une jeune femme et sa ville natale, ville dont elle ne peut se passer même de l’autre côté de l’Atlantique. Paris et ses rues, ses monuments, ses ponts et ses pierres, Paris qui s’éveille doucement le matin après avoir brillé toute une partie de la nuit. »Un jour, Nathalie Pasqua m’a demandé de la photographier. » raconte Véronique Vial. » J’étais très tentée, j’aime son corps un peu androgyne, sa personnalité. d’un autre côté, j’avais imaginé photographier Paris pour l’emmener avec moi en Californie, ne pas le laisser derrière moi pendant mes mois d’hiver à L.A. Alors j’ai eu une idée : « Je te shoote dans Paris, nue, avec des talons hauts ». Nous avons commencé à 6h du matin à l’entrée de la station de métro Vavin. Nathalie descendait l’escalier, je faisais des prises de vue. Trop de personnes nous ont rapidement entourées. Nous avons travaillé vite, visité Paris. A 8h, la ville est devenue dense, nous avons dû arrêter… Ce fut intense et délicieux en même temps car Nathalie n’a jamais cessé de m’inspirer. Paris non plus.«
Paris s’éveille, il est cinq heures….Mais qu’est-ce qui nous est réellement présenté : une femme nue dans Paris ou la féminité mise à nue ?
« La Tour Eiffel a froid aux pieds / L’Arc de Triomphe est ranimé / Et l’Obélisque est bien dressé / Entre la nuit et la journée
Il est cinq heures / Paris s’éveille«
Nathalie expose son corps longiligne dans tous les lieux connus parisiens au travers des rues vides de la foule. Mais loin d’offrir un regard furtif d’un simple exhibitionnisme, elle offre son corps et sa féminité affichée à cette ville malgré le froid et la rosée. Et cette offrande est sublimée par l’objectif de Véronique Vial, dans une conversation entre les ombres nocturnes des nuits d’hiver parisiennes et ces lumières de la ville, entre la pierre de ses monuments et cette chair si fragile. Les poses sont lascives mais pas provocantes, la danseuse paraît être hors du temps mais complètement dans son élément, dans cette transgression. Et c’est là que toute cette série prend son sens. En observant les deux photos prises sur la Passerelle Simone de Beauvoir, jamais la phrase On ne naît pas femme, on le devient n’a autant raisonné. Nouvelle image de la femme, Nathalie Pasqua y est transgressive et soumise à la fois en digne expression du mystère de l’éternel féminin.
« Les journaux sont imprimés / Les ouvriers sont déprimés / Les gens se lèvent, ils sont brimés / C’est l’heure où je vais me coucher
Il est cinq heures / Paris se lève / Il est cinq heures / Je n’ai pas sommeil«
Malgré le jour qui se lève et le retour petit à petit de la vie au petit matin, le regard de Véronique reste bienveillant sur son modèle. Malgré le froid évident de la nuit et du petit matin, ses photos restent vivantes pleines de la douceur du regard d’une femme sur une femme. Loin des fantasmes d’un porno-chic newtonien aux contrastes trop parfaits, les photos de Véronique Vial portent un regard très réaliste et respectueux sur la femme avec ses ombres et ses lumières vers le moment qu’elle semble préférer, au petit matin lorsque l’aube et l’obscurité se confondent encore. La femme dans toute sa nudité….
Véronique Vial, « Paris Naked »
Dix photographies argentiques. Tirage Cartoline Barytée. Prises de vue 2008.
Expo à partir du 7 mai 2010
Galerie W Eric Landau
44 rue Lepic 75018 Paris
Ouvert tous les jours de 10h30 à 20h00
01 42 54 80 24
www.galeriew.com
Marie-Odile Radom
1 comment
la ville -feminin grammatical.
la femme.
interchengeable, comme un corps dans sa sollitude.
Comments are closed.