Les témoins de la mariée – Didier van Cauwelaert – Editions Albin Michel – Mai 2010 – Prix : 19€
Lundi 24 mai 2010 – Nîmes (Gard)
« Plus loin que vous ne l’imaginez » (slogan SNCF)
2h58, c’est l’Exact Timing pour lire le dernier livre de Didier van Cauwelaert,
-
si vous avez composté votre titre de transport,
-
si vous n’avez pas envie d’aller inspecter les nouvelles toilettes du TGV,
-
si vous n’êtes pas coincés/barricadés en 2e classe, côté fenêtre, par un voyageur endormi et ronflant sur son Sudoku,
-
si vous êtes dans le sens de circulation du train,
/?t.se.te.?a//?t.se.te.?a//?t.se.te.?a/…
Autant vous le dire, j’étais bien mal engagée.
Mais bon, une chance pour moi, tout s’est bien passé.
Le livre, acheté à la hâte, en Point Relais, avec comme motivation principale : l‘homme – encore vivant – à la tête coupée, dans son costume de marié, sur la première de couverture.
Epouser un « tronc », ma foi, l‘idée peut être plaisante.
Le résumé du livre :
« Nous étions ses meilleurs amis : il nous avait demandé d’être ses témoins. Cinq jours avant le mariage, il meurt dans un accident de voiture.
Ce matin, à l’aéroport, nous attendons sa fiancée. Elle arrive de Shanghai, elle n’est au courant de rien et nous, tout ce que nous savons d’elle, c’est son prénom et le numéro de son vol.
Comment lui dire la vérité ? Nous nous apprêtions à briser son rêve ; c’est elle qui, en moins de vingt-quatre heures, va bouleverser nos vies.
Mais cette jeune Chinoise est-elle la femme idéale ou bien la pire des manipulatrices ? »
Imaginez le pire, et Didier van Cauwelaert fera encore mieux.
En effet, chaque coup doit avoir pour règle morale d’être toujours plus bas que le précédent. Et, tout naturellement, on finit par y prendre goût. Parce qu’au fond, on est tous pareils, et remuer de la boue, qui n’aime pas ça ?
En quelques lignes,
Prenez une – vraie – bande de potes, soudée, gonflée de fric. Mettez-y au milieu un homme qui dépasse un peu des autres protagonistes (plus de sex-appeal, plus riche, plus influent, plus connu, plus « mieux » quoi…). Cet homme, au pif, sera photographe, pour toutes les raisons non citées auxquelles on pense… Le bon moment (avant sa mort), la bonne personne (une célébrité), l’ont fait passer de l’anonymat complet et effectif à la success story.
Du coup :
(des comptes bancaires bien alimentés, des connexions Urbi & Orbi + du dévouement, et une générosité infinie = des potes bien placés et – plutôt – heureux dans la vie, mais pas au top non plus, avec des tas de rêves perso et pro inaccomplis).
Cet homme, au pif, sera à la fois un homme à femmes, un Casanova, et un Don Juan (oui, un trio bien gagnant), pour toutes les raisons déjà citées auxquelles on pense : « plus de sex-appeal, plus riche, plus influent, plus connu, plus « mieux » quoi… ». Après utilisation(s) simple(s) ou répétée(s) (selon), en bon-homme de son temps, il recycle ses maîtresses en les offrant gracieusement à ses amis. Plutôt sympa, le pote.
Le point de chute : Quand Marc, de son prénom, annonce à ses vassaux qu’il a rencontré LA femme, et qu’il compte bien l’épouser.
Après cet épisode, Marc meurt dans un accident. Mais, la machine est déjà lancée. Et, la future mariée débarque en France, à Paris, pour lui dire OUI.
-
Les amis de Marc :
ahuris, assommés, assourdis, choqués, consternés, ébahis, éberlués, ébouriffés, écrasés, effarés, estomaqués, étonnés, étourdis, groggys, interloqués, médusés, pantois, traumatisés…
-
Se retrouvent à devoir tout de même réceptionner la fiancée.
-
Etablissement des stratégies.
-
Avortement des stratégies.
-
Et au final, chacun la veut, on se déchire la veuve, et limite on dit merci au pote mort.
Citations.com :
La plus drôle : p.41
« Banyuls, a souligné d’un air fermé le plus galonné des deux en découvrant mon nom. Vous vous appelez comme le vin.
J’ai expliqué qu’on m’avait trouvé dans un coteau du Roussillon, raison pour laquelle mes origines inconnues étaient remplacées par une appelation contrôlée. »
La plus sex : p.170
« Merci, Jean Claude.
Elle m’a remis dans mon slip. J’ai repris mon souffle, pantelant, adossé à la cloison instable. C’est la première fois qu’une fille m’avale et me remercie. On a raison de dire que la vie commence à quarante ans. »
La plus culturelle : p.204
« Ce qui est très fort dans la tactique de la Chinoise …, c’est qu’elle crée des structures harmonieuses afin de pouvoir en bénéficier. Si elle restaure le bonheur des autres, c’est pour s’y faire inviter. Mine de rien, elle pratique le feng shui des sentiments : elle refait les intérieurs avant de les squatter. »
La plus Marguerite Duras : p.208
« Ecrire, c’est regarder en arrière. Et je ne veux plus souffrir. »
La plus ambiguë : p. 226
« C’est une menace ?
Une émulation, j’espère, pour vous quatre. Profite de ton avance : pour l’instant tu es le seul à connaître la règle du jeu.
Elle s’étire. J’empoigne un barreau de la rampe, pour rétablir l’équilibre. Elle sourit dans un bâillement, comme un coach aussi excitée que fourbue d’avance en pensant à la tâche qui l’attend.
Marlène doit devenir sa propre artiste, Bany va terminer de mettre au point son moteur à légumes, Jean-Claude créera une entreprise pour le commercialiser, toi tu feras éditer l’an prochain. Voilà les dernières volontés de Marc. Et moi je suis la prime de risque. »
Étoiles de notation (ici 3 / 4).
Elisa Palmer / LUXSURE
2 comments
Une critique littéraire tellement originale que je l’ai lue jusqu’au bout ! Bon, faut dire que l’auteur ne m’a jamais déçu, donc ça aide.
Bravo, Elisa Palmer 😉
…
Je vais presque me coucher dans la bonne humeur.
Merci pour ton soutien, Germain.
Comments are closed.