1-Pourquoi ce nom « Blow up » ?
A cause du film éponyme d’Antonioni : l’histoire d’un photographe à la fin des années 60, qui en agrandissant une photo se rend compte qu’il a assisté à une scène de crime. L’esthétisme des scènes de shooting ultra sophistiquées oscille toujours entre décalage sixties et une angoisse latente à la Bourdin absolument fascinante.
2-Qui êtes-vous? Quels sont vos profils et expériences? Quel a été le parcours de chacun avant l’ouverture du magasin?
Florent est le matheux ! Après un BAC S, il a entrepris un BTS comptabilité.
Sophie a un profil mode : un BTS en design de mode et plusieurs années de stylisme en presse, télé et bureau de créa. Un passage chez Kiliwatch aussi !
3-Comment est structurée l’équipe? En bref, qui s’occupe de quoi?
Florent s’occupe de tout ce qui a trait à la comptabilité, la gestion.
Sophie prend en charge les achats et la communication.
4-Pourquoi ouvrir un shop vintage à Aix-en-Provence?
Après la disparition de Kiloshop voilà 10 ans, il n’y avait plus de véritable fripe à Aix-en-Provence, et pourtant on pouvait pressentir une véritable demande car avec l’arrivée d’American Apparel et The Kooples l’an dernier, Aix prenait des airs de rue Tiquetonne. Il ne manquait plus que le point central et incontournable d’Etienne Marcel, Kiliwatch que l’on connaissait donc si bien déjà !
5-Quel est le concept du magasin?
Malgré ce que pense la plupart des gens, nous ne sommes pas un dépôt-vente. Nous avons dans un premier temps largement fourni la boutique avec nos « collections » personnelles. Puis nous avons des fournisseurs qui récoltent de la fripe à l’international. Les vêtements y sont triés par catégorie, de sorte que nous n’avons plus qu’à trier les pièces qui nous plaisent dans chacune d’entre elles. Il y a aussi toujours la possibilité d’acheter au kilo des lots non triés, mais là les mauvaises surprises sont souvent de taille et génèrent trop de pertes. Nous misons sur la qualité donc trions le plus possible. Nous voulons proposer des articles vintage originaux et qui collent aux grandes tendances.
Pour ce qui est de l’ambiance générale que nous avons voulu donner au magasin : on se retrouve dans un décor de diner 50’s mêlé à un esprit Factory. Comme dans le film Blow Up donc, deux univers cohabitent étrangement, proposant ainsi quelque chose de résolument nouveau pour une ville comme Aix-en-Provence qui reste très classique.
6-Pourquoi cet engouement pour le vintage?
En ce qui nous concerne, Florent a toujours baigné dedans avec père chineur multi-collectionneur qui déjà tout jeune lui a fait courir les vides-greniers.
Sophie quant à elle l’a plus découvert pendant ses études en cours d’Histoire de la mode, puis définitivement lors de son passage chez Kiliwatch, et lors des shooting mode, car le vintage propose véritablement des pièces hallucinantes et uniques.
Sophie : En règle générale, je pense que les gens ont de plus en plus envie d’unicité et d’originalité en réponse à l’inondation du marché par des chaînes qui proposent toutes la même chose à des prix qui tendent de plus en plus vers le haut tandis que la qualité ne suit pas. Avec le vintage, on a la garantie d’un produit unique et de bonne qualité puisqu’il a déjà traversé plusieurs décennies.
7-Quelle est votre propre définition du vintage?
Pour nous, un véritable produit vintage se doit d’être représentatif d’une époque tant dans la forme que les coloris mais surtout en termes de finitions.
8-Est-ce que vous avez un shop vintage comme modèle de référence?
On nous compare souvent aux fripes de Camden ou berlinoises, mais rien de tout ça n’a pourtant été pris pour modèle. Il était important d’avoir tant dans la sélection des pièces que dans la déco, un espace qui nous ressemble vraiment et qui nous plaise.
9-Quel est le top vintage en termes de vêtements et d’accessoires en ce moment?
Cet hiver, la marinière est toujours très présente, les vestes d’officier façon Sergent Pepper’s avec galons et brandebourg de plus en plus difficiles à trouver s’arrachent, les perfectos cloutés et les teddy US. Côté accessoires, les foulards tyrol à franges et léopard, les noeuds pap’ oversized façon Lanvin, les Doc Marten’s Made In England.
10-Quels seront les vêtements et accessoires vintage indispensables ce printemps/été 2010?
On se réjouit du retour du maxi short gaine 50’s qui inonde les collections.
Le short en cuir, « nude » si possible, à porter taille haute et ceinturé.
Les salopettes et chemises en jean.
Les lunettes rétro, indémodables.
Côté sac, on tachera de se rapprocher le plus possible d’un Kelly (Hermès).
Et les imprimés « oiseau » et vichy.
11-Où et sur quels critères choisissez-vous les vêtements et accessoires mis en vente?
Il existe des grossistes en friperie vintage. Nous prenons énormément en considération les tendances des défilés, retournons au moins une fois par mois sur Paris, et sommes des inconditionnels des blogs internationaux de street look. On mixe le tout à nos goûts personnels. Ensuite, il y a la qualité et l’état du produit. Aix-en-Provence est une ville très difficile en matière de fripe. Depuis la disparition de Kiloshop, les gens ne sont plus du tout habitués au concept, il y a un véritable travail pour nous à fournir à ce niveau.
12-Quels prix pratiquez-vous?
Nous sommes en province, donc nous pratiquons des prix largement inférieurs à la capitale.
Comptez en moyenne 25€ pour une robe, 10€ un tee-shirt, 59€ les cuirs et les fourrures.
13-Comment est agencé le magasin? Comment est-il décoré? Existe-t-il une politique merchandising?
La boutique compte 130 m² divisés en 4 espaces ultra aérés car pour avoir déjà travaillé en fripe nous ne savons que trop à quel point il est désagréable de se contorsionner sous un rack pour pouvoir atteindre une paire de bottes ou fouiner sur des portants prêts à exploser. Vous retrouverez majoritairement à l’entrée, les accessoires conservés dans un authentique Frigidaire. Les robes dans la deuxième pièce ainsi que les accessoires fourrés dans leur vieille baignoire à pieds. Les pièces du haut dans la troisième pièce avec son écran de rétroprojection façon drivin’ américain. Les pièces du bas, celles plus sport, un mur à escarpins et les sacs sur l’estrade du fond. Dans l’ensemble, on essaye autant que possible de procéder par silhouette ou par style. Par exemple, on placera les pulls 80’s sur le portant du haut avec au-dessous les leggings ou les pantalons carotte qui restent dans la même décennie.
L’ensemble de la déco est connoté très 50’s grâce à son sol en damier, le plafond en métal riveté, la Buick encastrée, les jukebox, les flipper et toutes sortes d’objets chinés.
14-Quelles relations entretenez-vous avec les clients? Faites-vous du conseil clientèle?
C’est ce qui est le plus drôle ici justement. Probablement parce que l’on se situe dans la même tranche d’âge que notre clientèle, nous n’avons absolument pas le sentiment d’être dans un rapport vendeur-client. Il n’est pas rare de nous retrouver dans une partie de Double Dutch avec eux dans le fond du magasin, ou concentrés sur un karaoké cambodgien sur l’écran de projection. On les conseille, on les métamorphose aussi parfois dans des looks too much : en bref, on s’amuse bien! Comme pour des amis, on a un petit calepin dans lequel on note ce qu’untel recherche absolument, sa taille, sa pointure, et lors de notre prochain approvisionnement, on tache de le lui trouver.
15-Pour qui et à quelles fins, avez-vous un profil Facebook?
La plupart de nos clients sont sur Facebook. A chaque nouvel arrivage, on sélectionne et photographie les meilleures pièces, et on leur donne un aperçu de ce qu’ils vont pouvoir trouver cette semaine. Certains, par ce biais, nous réservent des produits. De notre côté, cela nous permet aussi de prévenir les personnes pour lesquelles on a dégoté des pièces spécifiques : ils n’ont plus qu’à venir les récupérer à la boutique. Et puis, c’est aussi un moyen de faire participer nos clients à la vie de la boutique, de les sonder… Parfois, ils se photographient avec leurs dernières acquisitions et nous les postent.
16-Avez-vous d’autres stratégies de positionnement et visibilités sur Internet et ailleurs? Lesquelles?
On communique sur des magazines comme le « A Nous », on est aussi partenaires avec les universités locales qui bénéficient de réductions, et on prépare un site internet.
17-Quels sont vos styles vestimentaires? Vous habillez-vous vintage au quotidien?
Oui, toujours ! Nous sommes tous les deux très influencés par la culture Rockab’ et l’Angleterre des années 80.
18-Quelles sont les pièces vintage à ôter de son dressing absolument?
Sophie : Ah ah ! Je ne trouve pas. Il y a bien des pièces auxquelles je pense mais malheureusement elles ne sont pas encore passées à la postérité : le bootcut et le jogging !
19-Quel(le) est le client/la cliente type « Blow up »?
Notre client type a entre 15 et 30 ans, souvent bobo, largement influencé par la mode, il recherche la pièce en plein dans la tendance, mais avec des détails et un imprimé unique. Beaucoup d’anglo-saxons et d’allemands aussi qui font leurs études en France sont ravis de retrouver ici un peu de leur culture.
20-Quels sont vos projets à court/moyen/long terme?
Un atelier de sérigraphie au sous-sol est en cours ainsi qu’un espace photo avec toutes sorte de Lomo. A l’avenir, plus de soirées. Et à terme, un coin librairie arty et l’importation de marques lointaines et pointues. En citadins accomplis, on souhaite retourner dans une capitale avec peut-être encore du vintage, mais reste à savoir laquelle !
21-Quels sont les autres bonnes adresses vintage en province?
Le Shop’In à Marseille : 55 rue sainte / tel : 04 91 54 22 92
Kilo Stock à Montpellier : 6 rue de l’université / tel : 04 99 65 06 19
Elisa Palmer
2 comments
Ils ont une adresse courriel pour les contacter? Une page Facebook?
Blow Up a bien une page facebook…
Bonne soirée,
élisa
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