L’heure est aux ébats numériques
Sur nos écrans de toutes tailles
Textos et mails empiriques
Où le verbe, lassé, bâille.
Où sont donc les jolis papiers?
Qui jamais n’affichent «mémoire pleine»
Qu’on trouve sur un oreiller
Qu’on caresse et qu’on décachette
Comme un corsage parfumé.
Missives que l’on peut mouiller
D’une larme ou bien d’un baiser
-Pourquoi pas du reste, qui sait-
Ecoute le papier vierge qui crie
Comme une jeune fille en fleurs
«Tu dois jeter ton encre ici
En noir et blanc ou en couleurs
Tu peux de rage me déchirer
Puis de remords tout recoller»
Papier plié contre le coeur
Se froisse et respire avec lui
Tous les écrans d’ordinateurs
Restent moins portables que lui
Plus froids que le papier glacé
Quand sur le clavier sont tapés
Les mots sont virtuels souvenirs.
J’entends nos plumes qui soupirent…
Papier classé au fil des ans
Jaunit comme les fous amants
D’effluves aigres douces il s’imprègne
Et dans la boîte de Pan dort
Le spectre des êtres aimés
Et de ceux qu’on adore encore.
Camille Salmon
4 comments
ENFIN !! =) Vraiment très bien (même si je ne le découvre pas ce soir),…
Très beau poème 😉 l’odeur du papier me manque souvent 😉
Ce n’était aaps la première fois que je le lisais mais j’y prends toujours autant de plaisir 🙂
Tout plein de nostalgie et si joliment dit…
Devraient créer une touche « paper snif » avec différents choix de
« sent bon » dedans… C’est vrai qu’on a le pif triste devant l’écran !:)
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