Talentueuse, c’est sûr, mais aussi attachante, Asli Filinta vous conquit en quelques minutes par son charme et sa gentillesse ! D’origine turque mais basée à New York, cette créatrice pleine d’énergie conçoit des vêtements avant tout pour se faire plaisir, se laissant guider par sa spontanéité ! Positive, épanouie et dotée d’une imagination débordante, gageons qu’Asli nous réserve encore beaucoup de belles surprises !
Pour l’heure, une troisième saison faites de robes qui se transforment en sacs, de coussinets de soutiens-gorge qui deviennent poches ou épaulettes et une multitude d’autres curiosités à savourer sans modération…
Asli Filinta, vous avez étudié l’économie, qu’est-ce qui vous a fait quitter ce domaine ?
En fait j’ai essayé de travailler dans l’économie mais c’était trop ennuyeux pour moi. De plus, la boîte dans laquelle j’étais stagiaire a fermé. Je me suis dit que c’était une raison de quitter cette industrie. Le problème majeur lié à ce travail était que l’on me reprochait ma manière de m’habiller. On me disait : « Tu ne peux pas venir habillée comme ça à des réunions importantes ! ».
Comment êtes-vous passée de l’économie à la mode ?
En fait, je suis là-dedans depuis une dizaine d’années. Après mon expérience dans l’économie, je suis partie à New York où j’ai suivi quelques cours à la Parsons School et au FIT (Fashion Institute of Technology). Comme je n’ai pas suivi un cursus complet, je ne suis pas très au courant des tendances, des formes, des tissus, et je me sens libre de faire ce que je veux. Personne ne m’a mis de quelconques limites. C’est ce qu’il y a de bien dans le fait de ne pas avoir étudié la mode ; le désavantage est que j’ai besoin de quelqu’un pour la réalisation.
J’ai lancé ma marque car je portais des accessoires que j’avais faits moi-même (des chapeaux, des t-shirts, des écharpes etc.) et les gens m’arrêtaient dans la rue pour me demander où je les avais trouvés ! Je leur disais : « A la maison ! Ce n’était pas cher, je les ai fais moi-même ! » Ils voulaient me les acheter ! Je les leur offrais mais petit à petit, d’autres personnes me contactaient et je ne pouvais pas continuer à donner les choses ! Ils m’ont donc convaincue de les vendre ; c’est pour ça que je suis là maintenant.
Comment vos collections prennent-elles forme ? Comment vos thèmes se mettent-ils en place ?
Tout part de la façon dont je me sens, de la période de ma vie. Cela dépend de si je suis amoureuse ou non, de ce que j’écoute à ce moment. Tout est là (elle montre son cœur).
Vos pièces ne sont pas toutes faciles à assumer, quel genre de personnes imaginez-vous les porter ? Certaines sont-elles plutôt destinées aux soirées, à des occasions spéciales ?
Certaines sont juste pour moi ! Je ne sais pas si je pourrais les vendre mais j’essaie de faire des choses qui sortent de l’ordinaire ; c’est expérimental. Je sais que je ne réalise pas les meilleures ventes mais je ne cherche pas à plaire à tout le monde. Mes vêtements s’adressent à des gens qui sont capables de délirer, d’essayer de nouvelles choses. Un t-shirt avec six manches ou une robe à douze manches ça a l’air fou mais si l’on a ses propres goûts, son propre style, on trouvera la parfaite manière de les porter. Je n’ai peur de rien. Je peux ne pas devenir milionaire mais je continuerai sur cette voie, parce que c’est fun ; autrement je m’ennuierais.
Pensez-vous retourner en Turquie ?
Je ne pourrais pas quitter complètement Istanbul, principalement car ma famille y vit et que la production est basée là-bas. Ma famille est aussi dans le textile, elle me soutient beaucoup, émotionellement et financièrement. Mais je ne peux pas non plus quitter New York, j’adore cette ville. C’est juste dommage que ce soit si loin. Mais on verra bien. Pour le moment je suis heureuse d’aller à Istanbul pour la production puis de voyager à Paris, Tokyo, retourner à New York, puis repartir en Turquie. Je ne peux pas me confiner dans un seul endroit. Où que je sois, je ne me sens jamais loin de chez moi, l’endroit où je suis à un moment donné est celui où je dois être. Maintenant je suis à Paris pour quatre jours, donc c’est chez moi pour l’instant !
Quelle est l’inspiration de la collection printemps/été 2010 ?
Cette collection s’appelle Summer Song, comme SS (Spring Summer). Chaque modèle a un nom qui correspond à quelques mots d’une même chanson, que l’on obtient intégralement lorsque l’on réunit toute la collection.
L’univers de cette collection vient d’une peinture ottomane d’Osman Hamdi ,« Turtle trainer », inspirée des fêtes somptueuses que le sultan donnait. Comme elles avaient lieu dans d’immenses jardins et qu’il n’y avait pas encore l’électricité, on mettait des bougies sur des tortues que l’on amenait par milliers. Ce peintre a été inspiré par cette histoire et son inspiration est devenue la mienne. C’est pour cela que cette collection contient des formes de tortues, des imprimés, différntes évocations de cet animal.
En Turquie, on a une culture incroyable ; elle m’obsède. Bien que j’habite New York, j’y reste très attachée. J’aime utiliser ce genre d’histoires.
Pour ce qui est des lapins dans cette collection, ils font référence à la fable du lièvre et de la tortue, c’est pour ça qu’ils ont l’air énervé ! Et les souris, c’est parce que j’en avais quatre dans mon appartement à New York !
www.aslifilinta.com
Disponible chez Franck et Fils, 80 rue de Passy, 75016 Paris.
Isabelle Huber