J’ai confiance en toi
Massimo Carlotto & Francesco Abate
Métailié
mai 2010
11 €
Dimanche 19 septembre 2010, Paris
Ils l’ont fait à quatre mains, et on ne le ressent même pas. Alors normal j’ai un peu fouiné à droite à gauche pour connaître les dessous de ce duo d’auteurs italiens. Francesco, journaliste et DJ, se fait tout discret sur la toile, quand son acolyte Massimo compte très exactement 65 100 réponses en 10 secondes sur Google. On y parle du « cas Carlotto », – pire – de « cas limite » de la justice italienne, et de jeune fille lardée de 59 coups de couteau… Pour ceux qui se délectent des histoires à la « Faites entrer l’accusé » : pour vous, la lecture s’arrête ici.
On ouvre puis ferme le livre en 4 heures. Chaque heure, on s’entend lire : « Mais ce n’était pas un film et il n’y eut aucune musique ». De la musique, pourtant il y en a pas mal quand Sabrina rédige <page 43> ce SMS : « Des vies à brûler j’en ai au moins sept. Sept comme toutes les chattes ». WHOO WHOO WHOO… Et c’est à peu près à ce même moment que tout commence à partir sérieusement en vrille pour notre personnage : Gigi Vianello.
OK, ça sonne un peu con, n’empêche que Gigi, c’est pas précisément ce qu’on appelle « un rigolo ». Portrait. Proprio d’un restaurant gastronomique très en vogue à Cagliari (ville italienne de la province du même nom dans la région autonome de Sardaigne), dont le titre lui sert pour parader et – surtout – masquer ses innombrables trafics d’aliments avariés et bourrés de cochonneries, qui lui remplissent copieusement les poches. Amoureux invétéré de la gente féminine. Figure représentative de l’élite de la manipulation en tout genre. Entrepreneur mythomane. Maniaque compulsif voire même carrément fétichiste. Il est tout ça, « et bien plus encore ». Oui, oui, un peu comme Denver.
Dans la vision que l’on se fait de tous ces produits frelatés, les 183 pages de ce chef-d’oeuvre nous laissent bien le temps d’attraper la gerbe et d’être déjà en alerte maximale (huile de tournesol, saucisses, huile de palme, poisson, steaks, fromage de chèvre, riz OGM, amandes, palourdes…), pendant que Gigi glisse et s’enfonce étymologiquement page à page dans la même merde. Un destin à la « jouer, miser, parier, jusqu’à tout perdre », qui ne laisse pas passer la lumière. Mais pas une once.
« Histoire de cul, Gigi, c’est toujours et exclusivement une histoire de cul qui finit par te baiser ». <page 137>
PS/A défaut de gagner en appétit, un de ces vrais plaisirs à lire.
Elisa Palmer